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«Ces gauchistes agissent comme des fascistes»

Des activistes genevois menacent de saboter samedi la tenue d’un concert qualifié de «néonazi». La Ville du Nord vaudois exige du patron du club Les Citrons Masqués qu’il assume sa part de sécurité.

«Le Réseau antifasciste Ge­nève appelle à saboter la soirée du 26 janvier et à harceler Soleil noir et ses soutiens…» Des activistes de gauche menacent sur leur site web le patron du club d’Yverdon, Pierre-André Kesselring. Ses coordonnées y sont publiées, ainsi que celles du responsable de l’association Soleil noir, organisateur du concert du groupe français de dark folk contesté, Dernière Volonté.

Rebaptisé SoNo après les graves échauffourées qui avaient frappé la tenue d’un concert au bar Elvis et Moi à Fribourg en 2008, Soleil noir est friand d’esthétisme du IIIe Reich et de runes germaniques. L’association lausannoise avait déjà fait venir Dernière Volonté aux Citrons Masqués par le passé, sans aucune polémique.

Désormais, face à la menace, les autorités exigent que Pierre-André Kesselring accroisse les mesures de sécurité à l’entrée et à l’intérieur de son club, sans quoi elles interdiront la soirée. Mais ce dernier refuse en raison du coût à assumer: «Je ne reçois aucun subside et je paie taxes et impôts, y compris pour la sécurité publique. Or, là, je suis menacé par des idiots aux méthodes de fachos!»

Conseiller municipal de la police, Jean-Daniel Carrard dit ne pas vouloir se mêler de la programmation de la salle ni en venir à une interdiction. «Nous analysons le danger et définissons un niveau de sécurité: nous l’assumerons dans la rue, mais pas dans le club. Avec ce choix de concert, Kesselring crée un ­risque de débordements: qu’il l’assume également.»

Délicates appréciations à faire

Comme les autorités de la commune d’Yverdon-les-Bains ont toujours fait confiance jusqu’à présent au patron de la salle indépendante des Citrons Masqués, l’association Soleil noir a régulièrement pu y organiser depuis dix ans des concerts de dark folk ou de néo-folk sans aucun incident. Et ce malgré des mises en scène très empreintes des années 1930 italiennes et allemandes des groupes invités: croix de fer, oriflammes, runes germaniques, tête de mort de la Gestapo, aigle et glaive…

«Ce que j’en pense pour l’image d’Yverdon? Nous ne raffolons pas de ce type de groupes ou de public, mais nous ne voulons pas sanctionner et préférons la liberté d’expression, explique Jean-Daniel Carrard, responsable de la Sécurité publique à Yverdon. Mais si ce type de soirées avait lieu très souvent, nous interviendrions.» En 2010, la Municipalité de Moudon (VD) et le gérant du club Les Prisons avaient, eux, préféré annuler une soirée organisée par Soleil noir en raison de menaces potentielles proférées par des activistes de gauche.

Patron des Citrons Masqués et se considérant comme un homme de gauche, Pierre-André Kesselring est outré d’être désormais menacé par des activistes gauchistes. L’esthétisme martial sur scène très porté sur des régimes totalitaires du passé? Pierre-André Kesselring n’y voit pas d’accointance avec des idéologies.

Quant à Daniel Brélaz, syndic de Lausanne, il a déjà connu des situations d’interdiction de concerts. Comme le groupe de dark folk Death in June, en 1998, en raison de ses nombreuses références aux SA de Hitler (mais cette formation a ensuite joué à Lausanne en 2002, invitée quasi clandestinement par Soleil noir); la venue de Joey Starr en 2003 (par crainte de débordements); et plus récemment le groupe de punk Oi Polloi. «L’appréciation est parfois délicate à réaliser, reconnaît Daniel Brélaz. Les limites que nous fixons sont les risques de débordements pour la sécurité. Ainsi que la clause pénale, en cas d’appel à la violence ou d’incitation à la haine.» Mais quid de visuels et de symboles lors de certains concerts? « Là, visiblement, ce n’est ni heureux ni malin, mais est-ce que ça doit pour autant tomber sous le coup de la loi et de l’interdiction? J’en doute», déclare Daniel Brélaz.

Le syndic de Lausanne donne par ailleurs raison à la Municipalité d’Yverdon: «C’est aux établissements publics d’assurer la sécurité aux abords directs de leurs murs ainsi qu’à l’intérieur.»

http://www.20min.ch/ro/news/vaud/story/-Ces-gauchistes-agissent-comme-des-fascistes–11299063

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