Opinion/Religion/Société

Enfants islamistes: «Personne ne peut nous forcer à serrer des mains»

Les deux frères qui, au nom de l’Islam , ont été exemptés de serrer la main de leur professeure à Therwil (BL) ont été interrogés par la presse ce dimanche. Ils s’estiment victime de discrimination.

Schüler verweigert Handschlag, Faysal-Moschee Basel

Schüler verweigert Handschlag

Les deux élèves bâlois musulmans, qui refusent de serrer la main à leur professeure, interrogés par la presse dominicale, affirment que les obliger à cette pratique est une discrimination.

«Personne ne peut nous forcer à toucher des mains», a déclaré l’un des deux frères, exemptés par leur père de serrer la main de leur professeure à Therwil (BL), dans la «Sonntagszeitung». Cette dispense, accordée par l’école des deux jeunes musulmans, a provoqué un tollé en Suisse et même à l’international puisque des articles de presse sur le sujet ont fleuri un peu partout dans le monde. Les frères se disent surpris par l’ampleur de la polémique suscitée par leur geste. Le plus âgé explique: «J’ai appris cette règle en regardant un prêche sur Internet. Mon père me l’a ensuite confirmée».

L’aîné n’hésite pas à attaquer les politiques accusés de récupération. «Les politiciens nous utilisent pour amplifier le sentiment anti-musulmans, en particulier les représentants de l’UDC». Il assure que sa famille respecte les lois suisses et est bien intégrée, «tous ces gens ne savent rien de nous», se plaint-il dans des propos rapportés par 20 Minuten.

Les deux frères font la Une de la «Sonntagszeitung»

Die aktuelle Frontseite vom 10. April 2016. Wir wünschen einen schönen Sonntag. pic.twitter.com/P1TzwZTIl2— SonntagsZeitung (@sonntagszeitung) April 9, 2016

«Mon frère et moi sommes très clairement contre l’EI»

Les deux frères soulignent que leur démarche n’est pas une provocation, mais leur façon de vivre leur foi. Ils se nient aussi toute forme de radicalisation. Comme musulmans, ils veulent apprendre sans relâche et s’améliorer. Que signifient des termes comme «radical», «fondamentaliste», se demande le jeune de 16 ans. «Nous sommes radicaux parce que nous suivons les préceptes de l’islam? C’est notre devoir.»

A propos de l’enquête ouverte contre lui pour le partage d’une vidéo de propagande du groupe Etat islamique (EI), l’aîné détaille: «Mon frère et moi sommes très clairement contre l’EI. L’islam interdit de tuer des civils». Le plus jeune a, semble-t-il, aussi diffusé des vidéos de l’Etat islamique (EI) sur Facebook. «J’avais 12 ans à l’époque. Je ne savais pas ce qu’était l’EI. Pour moi, il ne s’agissait que de musique. Elle me plaisait», répond-il.

Enfin les frères rejettent également toute manipulation du conseil central islamique suisse ou de leur père, un imam. «Personne ne nous dicte quoi que ce soit», réagit l’un des deux frères.

La direction de l’école secondaire de Therwil avait accordé aux deux écoliers d’être dispensés de devoir serrer la main de leurs enseignantes, comme cela se pratique d’habitude dans cet établissement. Les deux ne veulent pas toucher de femmes pour des motifs religieux.

Même la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga s’était immiscée dans cette affaire, jugeant inacceptable qu’un enfant ne serre pas la main de son enseignante. «La poignée de main fait partie de notre culture», avait-elle déclaré.

www.20min.ch/ro/

Un Genevois aussi a refusé d’être touché par sa prof

Après l’affaire des 2 élèves musulmans bâlois qui ont refusé de serrer la main de leur professeur, un cas similaire a été découvert à Genève.

La polémique n’a pas fini de faire rage. La semaine dernière, on apprenait que deux élèves musulmans bâlois avaient refusé de serrer la main à leur professeure. L’affaire avait largement défrayé la chronique. Ce dimanche, on apprend qu’un ado a également refusé tout contact avec une enseignante à Genève, révèle la RTS.

L’affaire aurait eu lieu début 2015, lors d’un cours de gym. L’ado, récemment converti à l’Islam, avait refusé que la prof corrige sa posture lors d’un exercice. L’enseignante avait dénoncé le cas à la direction de l’école qui avait convoqué l’élève et pris contact avec les parents, selon la RTS. Comme à Bâle, le jeune musulman a pu continuer ses cours, en évitant tout contact avec l’enseignante et les filles de sa classe.

Appris sur internet

Par ailleurs, les deux élèves bâlois ont été interrogés par la presse dominicale sur la fameuse poignée de main à leur prof qu’ils ont refusée. Ils ont affirmé que les obliger à cette pratique était une discrimination. «Personne ne peut nous forcer à toucher des mains», déclare l’un d’eux. Le plus âgé a aussi expliqué: «J’ai appris cette règle en regardant un prêche sur Internet. Mon père me l’a ensuite confirmée».

Ils soulignent que leur démarche n’est pas une provocation, mais leur façon de vivre leur foi. Ils rejettent également toute manipulation du conseil central islamique suisse ou de leur père, un imam. «Personne ne nous dicte quoi que ce soit», réagit l’un des deux frères.

Enfin, d’après Schweiz am Sonntag, une affaire similaire aux deux frères musulmans existe dans une autre école de Bâle. Mais cette fois ce sont deux jeunes filles qui ont refusé de serrer la main de leurs professeurs masculins. Leur père fréquente la même mosquée que les deux frères. 

www.20min.ch/ro/news/

Le père «place le Coran au-dessus des lois suisses»

L’émotion n’est pas retombée outre-Sarine où des détails commencent à émerger sur la famille des deux frères.

Le profil des deux frères qui ont été exemptés de serrer la main de leur professeure à Therwil (BL) devient toujours plus précis. Leur père, Ibrahim S., est imam à la mosquée du roi Faysal à Bâle, comme l’a découvert 20 Minuten. Formé à Beyrouth, il dirige la prière du vendredi.

Cette mosquée avait déjà attiré l’attention de la Basler Zeitung en 2013 pour ses prêches haineux contre les non-musulmans. Une fatwa (avis juridique donné par une autorité religieuse) affichée sur un mur de la mosquée légitimait «des crimes de quelque nature qu’ils soient» contre des ressortissants «d’un état infidèle».

Pour un contrôle du financement

La politologue Elham Manea tire la sonnette d’alarme. «Le comportement des deux frères est un signe qu’une interprétation fondamentaliste de l’islam est en jeu.» Elle réclame la formation d’imams en Suisse afin de prévenir une radicalisation salafiste et l’interdiction du financement des mosquées par des fonds en provenance de l’étranger. La mosquée bâloise est soutenue par la Ligue Islamique Mondiale en Arabie Saoudite.

Un des frères a également posté sur Facebook de la propagande de l’Etat islamique. «C’est clairement l’étendard de l’Etat islamique», a confirmé à «Blick» Saïda Keller-Messahli, fondatrice du Forum pour un islam progressiste. En commentaire, l’adolescent avait ajouté que «chaque musulman doit liker.»

Une mosquée dans la tourmente

Pour la défense de ses fils, le père avait affirmé à la direction de l’école secondaire que ceux-ci étaient déjà majeurs à 14 ans aux yeux de la loi islamique. «Ce qui veut dire qu’il place le Coran au-dessus des lois suisses», prévient Saïda Keller-Messahli.

Ibrahim S. reste encore injoignable mais Nabil Arab, administrateur de la fondation du roi Faysal, prend la défense de son collaborateur, qui prêche «la tolérance et la décence». Il dément tout prêche haineux contre les non-musulmans, une rumeur qu’il attribue à une personne opposée au permis de construire de la fondation et qui a ainsi tenté de la torpiller.

Nabil Arab se retrouve également au centre de la tempête après une interview dans laquelle il défendait l’attitude des deux frères. Il déclarait que les femmes n’avaient pas envie de se sentir comme des objets sexuels. «C’est pourtant ce qu’il fait en affirmant que le contact corporel avec les femmes peut mal se terminer», a répliqué Mirjam Aggeler chez Fewwiss, l’association suisse Femmes Féminisme Recherche.

www.20min.ch/ro/

Une réflexion sur “Enfants islamistes: «Personne ne peut nous forcer à serrer des mains»

Laisser un commentaire