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Prison pour celui qui rudoyait les mendiantes roms

Interpellation – Quatre femmes ont porté plainte contre un homme qui a été arrêté et conduit en prison.

mendiante rom

Un homme est derrière les barreaux depuis une dizaine de jours. Prévenu d’insultes, de menaces et de voies de fait, ce quinquagénaire est suspecté d’avoir rudoyé à Plainpalais, devant la Coop, la Migros et la poste, quatre mendiantes roms. Cette arrestation nous est confirmée par Henri Della Casa, porte-parole du pouvoir judiciaire. Qui est cet homme? Et pourquoi s’en est-il pris à ces femmes qui faisaient la manche?

Agées entre 17 et 50 ans

Les premiers faits reprochés ont eu lieu il y a deux ans. Les plaignantes, âgées entre 17 et 50 ans, désignent toutes un marginal à vélo qui les intimidait en leur demandant de «dégager», de ne pas mendier «parce que c’est interdit». Omniprésent dans leurs vies, il les suivait en cachette jusque dans les lieux où elles allaient manger et se reposer, précise une source proche du dossier. Selon les premiers éléments de l’enquête, il les prenait presque toujours par surprise, créant même souvent des problèmes au sein des diverses institutions d’accueil d’urgence, dont il est lui-même bénéficiaire. Cet habitant du quartier, célibataire, sans enfants et bénéficiaire de l’AI, les aurait menacées avec une barre de fer. Un tube d’aspirateur emballé dans du papier journal, estime pour sa part le prévenu. Elles déclarent s’être aussi senties menacées par le prévenu, qui leur aurait même montré un couteau caché en partie par un emballage. Défendu par Me Pierre Bayenet, le suspect, lui, conteste et invite les enquêteurs à ne pas croire à ces accusations.

Depuis 2014

Si les premières intimidations ont eu lieu en 2014, alors pourquoi n’avoir porté plainte qu’aujourd’hui? Comme elles savent que mendier est puni par la loi, les plaignantes vivent dans la crainte de l’uniforme, des auditions, des éventuelles saisies d’argent, sans avoir eu conscience jusque-là que la police pouvait également les protéger. Une tentative de médiation, organisée par une médiatrice du projet pilote Caritas («Roms à Genève, comment se projeter dans le futur?»), n’a pas abouti, déplore le directeur de l’institution, Dominique Froidevaux: «Nous ne sommes pas parvenus à entrer en dialogue avec cette personne, qui est aussi en souffrance. Notre but n’est pas de la mettre en prison, mais bien de tenter une médiation. Une démarche pilote qui est ouverte aux Genevois comme aux Roms et est appelée à s’ouvrir encore plus largement à l’avenir.» Accompagnées par Caritas, les mendiantes se sont rendues cette année au poste de police, confirme Pauline Savelieff, coordinatrice du projet «Roms à Genève»: «Dans ce cadre, nous travaillons depuis des mois pour sensibiliser et informer cette population sur ses droits et ses devoirs. Les mendiantes sont plus exposées à ce genre d’actes que les hommes. Elles le vivent très mal, elles ont peur mais gardent trop souvent ces craintes pour elles.»

Les plaignantes, défendues par Me Dina Bazarbachi, seront entendues à la fin du mois par le procureur Niki Casonato.

www.tdg.ch/geneve/

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